mercredi 28 mai 2025

Réunion préparatoire finale pour la semaine de l'Environnement



Le 28 mai 2025 à 9h00 s'est tenue la Réunion finale préparatoire de la semaine de l'Environnement, dans la salle de réunion du gouvernorat, sous la houlette de Madame la Cheffe de la brigade Sud de l'Environnement, en présence de nombreuses sociétés du secteur de la gestion de déchets, de sociétés partenaires pour cet évènement et d'ONG'S de la Commune de PORT-GENTIL.

Madame la Cheffe de brigade a fait un résumé de la précédente réunion : les différents points à confirmer, le nombre de camion et d'engins mis à disposition pour l'évacuation des déchets à Port-Gentil et Omboué, le nombre de bennes métalliques et de bennes plastique, le nombre de personne sur les zones identifiées ainsi que les gens qui iront faire la visite à IEG et le déplacement à Omboué.

Tous ces différents points ont été résolus pour le bon déroulement de cet évènement pour le plus grand plaisir de Madame la Cheffe de la brigade sud et des participants.

Puis elle a abordé les questions annexes, les boissons, les différents cocktails d'ouverture et de fermeture de la semaine de l'Environnement.

Récapitulatif du programme :

- A) lundi 02 juin 2025, Port-Gentil, ouverture de la semaine de l'Environnement,

 

1) Discours par Madame la Cheffe de brigade de l'Environnement pour la zone Sud,
2) Allocution de Monsieur le Gouverneur de la Province de l'Ogooué-Maritime,
3) Présentation des dangers du plastiques sur notre Environnement et sur notre Santé par l’ONG H₂O GABON,
4) Exposé sur la pollution plastique dans les mangroves et leur impact par un professeur en géographie,
5) Présentation de produits recyclés sur des stands à cet effet par des entreprises de la place : des briques de construction et des pavés,
6) Présentation de sacs artisanaux en tissus et fibres naturelles pour remplacer avantageusement et durablement nos sacs plastiques pour transporter nos courses. Ces produits sont fabriqués par des artisans locaux,
7) Cocktail d'ouverture de la semaine de l'Environnement.

 

- B) Mardi 03 juin 2025 :

1) Sensibilisation des commerçantes et commerçants de marchés du Grand Village et de la Balise,
2) Ramassage des plastiques et des déchets diverses avec les commerçantes et les commerçants,
3) Sensibilisation et ramassage des déchets à LIP village des pêcheurs,
4) Ramassage et évacuation des déchets vers la décharge de N'Tchengué par les sociétés partenaires et par le service technique de la Mairie dans les cinq zones identifiées.

 

- C) Mercredi 04 juin 2025 :

1) Déplacement vers Omboué,
2) Sensibilisation et ramassage des déchets sur le lieu de la sensibilisation,
3) Ramassage des déchets sur l'une des plages d'Omboué,
4) Évacuation des déchets vers Port-Gentil,
5) Retour vers Port-Gentil.

 

- D) Jeudi 05 juin 2025 :

1) Sensibilisation dans les zones identifiées de collecte,
2) Cocktail de clôture de l'évènement.

 

- E) Vendredi 06 juin 2025 :

1) Résumé de la semaine de l'Environnement, dans la salle de réunion du gouvernorat, certainement.

 

 

Madame la Cheffe de la brigade de l'Environnement a clôturé la réunion, il était pratiquement 12h00.

 

 

H. M. AUGUSTE,

Président, Conseiller Scientifique et Technique, membre de la Commission Scientifique et Technique de L'ONG H₂O GABON,
B. P. 1991,
Port-Gentil GABON,
TÉL : ‪+ 241 74 09 21 51 (Whatsapp),
Courriel : h2ogabon@yahoo.fr,
Blog : h2ogabon.blogspot.com,
Fb : H₂O GABON






dimanche 25 mai 2025

4ème réunion préparatoire de la semaine de l'Environnement



 

Mercredi 21 mai 2025 à 9h00, s'est tenue une nouvelle réunion préparatoire concernant la semaine de l'Environnement dont le thème directeur sera le plastique. Cette dernière était dirigée par Madame la Directrice de l'Environnement, Cheffe de la brigade sud dans la salle de réunion du gouvernorat. Elle a commencé par le résumé de la dernière réunion et a poursuivi avec l'ordre du jour sur le récapitulatif des questions restées sans réponses. 


Puis les uns et les autres à tour de rôle ont apporté les réponses que Madame la Directrice attendait. Malgré cela il reste encore quelques questions en particulier sur la logistique qui devra être mise en place pour cette manifestation. À la fin des échanges, nous avons pris rendez-vous pour la dernière réunion qui se tiendra le 28 mai 2025 même lieu et même heure. Avant de nous séparer à 12h30, Madame la Directrice a souhaité que nous prenions une photo de groupe sur le perron du gouvernorat.

 

Liens vers les réunions précédentes

3ème réunion
2ème réunion
1ère réunion










jeudi 22 mai 2025

L’Environmental Investigation Agency (EIA) et le Journal Le Monde relancent l’affaire Perenco

Lors de l’enterrement sommaire de trois ouvriers de Perenco au Gabon (explosion de la plateforme Becuna), à une date inconnue. Après les protestations de familles, les corps ont été exhumés, puis ramenés à la morgue pour être ensuite enterrés dignement. 

Hubert Chazarenc, décédé sur une plateforme Perenco au Cameroun


Nous reproduisons ci-dessous deux articles du journal Le Monde.

Les affaires troublantes du groupe pétrolier Perenco en Afrique, entre cadences infernales et soupçons de corruption

Par Benjamin Roger et Vanessa Schneider Publié aujourd’hui 21 mai 2025 à 05h30
(Reproduit sur notre blog avec l’aimable autorisation du journal Le Monde)

Enquête

Ce groupe franco-britannique, fondé par une richissime et très discrète famille française, occupe une place importante dans le secteur pétrolier. Mais ses agissements, en particulier en Afrique, mobilisent les ONG et intriguent la justice.

Ce devait être une journée de travail comme une autre, sur la plateforme pétrolière offshore de Becuna, au large des côtes gabonaises. Elle a tourné au cauchemar avec l’un des accidents les plus meurtriers de l’histoire récente de l’industrie pétrolière. Le 20 mars 2024, dans l’après-midi, une forte explosion suivie d’un incendie provoqué par une remontée de pétrole et une fuite de gaz dévaste une partie de ce site exploité par le groupe franco-britannique Perenco. Six employés qui participent à une opération de maintenance – quatre Gabonais, un Camerounais et un Français d’une trentaine d’années – sont tués.

Lors de l’enterrement sommaire de trois ouvriers de Perenco, à une date inconnue. Après les protestations de familles, les corps ont été exhumés, puis ramenés à la morgue pour être ensuite enterrés dignement. DOCUMENT EIA

Dans un rapport que Le Monde a pu consulter, l’Environmental Investigation Agency (EIA), une organisation non gouvernementale d’enquête sur les enjeux environnementaux, pointe la responsabilité de Perenco dans ce drame. D’après ce document sans concession, « deux semaines avant l’explosion, deux dangereuses remontées de pétrole s’étaient produites sur la plateforme », où « des équipements de sécurité essentiels qui auraient pu empêcher l’explosion faisaient défaut ».

Les auteurs du rapport relèvent aussi d’autres manquements. D’après eux, « l’explosion a également été causée par une culture de travail toxique et par la pression considérable que les cadres du groupe basé à Paris et Londres exercent sur les travailleurs afin que la production se maintienne à tout prix ».

Empire discret

Perenco. Ce nom inconnu du grand public est celui d’un empire discret et secret qui se targue d’être le premier groupe indépendant européen. Les chiffres le confirment : Perenco, c’est 8 000 salariés dans 14 pays, une production quotidienne estimée à 500 000 barils, un chiffre d’affaires d’environ 7 milliards d’euros en 2024.

A sa tête, les Perrodo, une famille habituée à fuir la lumière et les sollicitations médiatiques. Le magazine Challenges les classe au quinzième rang des fortunes de France, avec un patrimoine évalué à 9,5 milliards de dollars. Une estimation qu’ils refusent de confirmer. « Nous avons pour règle de ne pas nous exprimer sur des sujets d’ordre privé », déclare au Monde leur chargé de communication, Mark Antelme.

Aux origines de cette entreprise familiale hors norme, Hubert Perrodo, fils d’un modeste marin-pêcheur breton, qui, dans les années 1970, en pleine ruée vers l’or noir, invente un business : racheter à bas prix aux géants du secteur des sites pétroliers dits « matures », autrement dit en fin de vie, pour continuer à les exploiter jusqu’à épuisement. Ce modèle low cost, fondé sur une réduction maximale des coûts de production, permet notamment d’éviter les investissements massifs habituellement nécessaires. « Notre fondateur était un homme en avance sur son temps », proclame le site Internet du groupe Perenco, dont le blason affiche l’hermine bretonne.

Drôle de personnage que cet Hubert Perrodo… Né à Larmor-Baden, le 25 janvier 1944, cet homme au physique carré et au gros caractère ne s’est guère attardé dans son Morbihan natal. Après avoir raté son bac, il part à l’aventure, au Québec d’abord, enchaînant les petits boulots (barman, colporteur, moniteur de voile…) avant de se rendre aux Etats-Unis. En 1967, à bord d’un yacht où il officie comme maître d’hôtel, il fait la connaissance des frères Hunt, deux Américains qui ont fait fortune dans le pétrole et inspiré les personnages de Bobby et J. R. Ewing, les héros de la série télévisée Dallas. Fasciné, l’autodidacte leur demande comment devenir riche à son tour : « Le pétrole ! », lui répondent-ils.

Deux ans plus tard, de retour au pays, le petit Français apprend le métier de foreur au sein de la société Forex, puis à la Comex, où il supervise la plongée offshore. Mais Hubert Perrodo n’a pas l’âme d’un employé. Il entend rouler pour son propre compte, en chef de bande bouillonnant d’idées et d’énergie. Arpentant la planète en quête de puits de pétrole, il échoue en Asie, où il se lance dans la location de barges destinées à rallier les sites en mer. L’affaire capote, mais, à Singapour, il rencontre sa future épouse, Carrie, une mannequin, fondatrice d’une agence de top-modèles. Selon plusieurs sources, la famille de la jeune femme lui aurait apporté les fonds pour mener à bien ses premiers projets dans le pétrole.

A l’occasion de ses pérégrinations, Hubert Perrodo se lie d’amitié avec deux hommes-clés pour la suite de sa carrière. Le premier est l’ancien garde des sceaux Albin Chalandon, président d’Elf Aquitaine de 1977 à 1983, qui lui souffle l’idée d’exploiter les vieux filons d’Elf. Le second est un ingénieur, Jean-Michel Runacher, père de l’actuelle ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Ce dernier l’aidera à monter ses entreprises, à signer les contrats et à organiser par la suite un système ingénieux en installant les sièges des entreprises dans des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt. « Jean-Michel Runacher a été à la fois le protecteur et l’instrument de la réussite d’Hubert Perrodo, raconte un acteur du milieu pétrolier. Sans lui, il n’aurait jamais connu une telle trajectoire. »

L’entrepreneur breton forme avec le père de la future ministre d’Emmanuel Macron un binôme efficace. A compter du milieu des années 1970, Jean-Michel Runacher est de toutes les aventures de Perrodo, de sa première entreprise, en 1975, jusqu’à la création de Perenco, en 1992, où il a exercé de nombreuses fonctions de direction. En 2022, il chapeautait encore le family office, chargé de superviser le patrimoine familial.

Dans les années 1980, la « Françafrique » tourne encore à plein régime. Hubert Perrodo s’y ébroue comme un poisson dans l’eau, développant ses affaires dans plusieurs pays, notamment au Gabon, où il devient un très proche du président Omar Bongo (en fonctions de 1967 à 2009). A force de racheter de vieux champs pétroliers, il conquiert aussi le Cameroun, le Congo, puis la Colombie, et devient ainsi un homme riche. Un ancien cadre refusant que son nom soit cité salue les mérites d’un entrepreneur qui s’est construit à la force du poignet et « a toujours fait confiance aux jeunes, leur permettant de faire de belles carrières ». De fait, le groupe a formé des « Perenco boys », réputés très opérationnels dans le milieu, dévoués corps et âme à l’entreprise.

Art, vin, immobilier

Mais la réussite de l’entreprise finit par attirer la curiosité du fisc français. A la fin des années 1990, les propriétés d’Hubert Perrodo sont perquisitionnées à plusieurs reprises. Même le domicile de sa mère, à La Rochelle, a droit à la visite des enquêteurs. C’en est trop pour l’homme d’affaires. En 2005, il décide de baser sa société au Royaume-Uni – tout en gardant un siège à Paris. Adoptant l’adage « Pour vivre heureux, vivons cachés », Hubert, Carrie et leurs trois enfants s’installent donc à Londres, où ils s’intègrent à la bonne société locale. L’entrepreneur ne sait pas monter à cheval, mais il se pique de devenir champion de polo, un sésame pour pénétrer les cercles mondains londoniens. A 42 ans, il prend des cours tous les matins afin de concourir en championnat au sein d’une équipe qu’il crée de toutes pièces.

Il investit également dans l’art (peintres italiens du XVIIe siècle, dessins de Picasso, tableaux de Manet ou Degas, sculptures de Rodin…) ainsi que dans le vin, avec l’acquisition de grands crus de Margaux, dont le Château Labegorce, où ses enfants se sont mariés. A Londres, il achète plusieurs propriétés dans le quartier huppé de Knightsbridge. Quand ils sont à Paris, les Perrodo vivent près du Champ-de-Mars, dans des hôtels particuliers avec jardin, piscine et terrasse sur les toits. A Courchevel (Savoie), ils ne possèdent pas moins de six appartements et chalets. C’est dans cette station huppée qu’Hubert Perrodo meurt d’un accident de ski de randonnée, le 29 décembre 2006, à seulement 62 ans.

La famille est d’autant plus sous le choc que le self-made-man n’avait pas préparé sa succession, ni rédigé de testament. La répartition de sa fortune restera d’ailleurs longtemps bloquée, jusqu’à ce que l’indispensable Runacher convainque chaque membre de la famille de signer un accord en 2011. En ce qui concerne la gouvernance, ce même Runacher prend les choses en main. Puisque son ami Hubert a transmis 7 % de sa holding logée aux Bahamas à son fils aîné, François, c’est à lui que revient le fauteuil paternel. La cadette, Nathalie, née en 1980, est aujourd’hui chargée des vignobles. Quant à Bertrand, le dernier (1984), un fêtard invétéré, il s’occupe des investissements de la holding familiale.

Bien qu’ayant été élevé dans le luxe comme son frère et sa sœur, François Perrodo a fait des études de physique puis intégré l’Ecole nationale supérieure du pétrole et des moteurs, dans le but de succéder un jour au fondateur. Mais il n’est pas vraiment prêt. Cornaqué par la vieille garde paternelle, ce jeune homme né à Singapour, en 1977, devient néanmoins président de Perenco quelques jours après la mort brutale de son père. Il n’a que 29 ans.

François est un passionné de course automobile. Pilote d’endurance, il participe régulièrement aux 24 Heures du Mans. Entre deux courses, « Fanch » – comme ses proches l’appellent – apprend vite, avec l’aide des hauts cadres de l’entreprise. Dans la droite ligne de son père, il gère l’empire en enchaînant les rachats. « C’est une sorte de Largo Winch, assez charmant, avec un bon contact humain », résume l’une de ses connaissances. Le doublement du cours du pétrole entre 2007 et 2014 lui permet de faire exploser l’entreprise. Il multiplie par cinq la production du groupe en vingt ans. En 2008, il se lance dans l’exploitation sous-marine en rachetant des plateformes situées au large du Brésil, puis en mer du Nord.

S’il poursuit la politique d’internationalisation chère à son père, François Perrodo accroît également ses positions en Afrique centrale. A son tour de cultiver des relations au plus haut niveau avec les dirigeants africains, en particulier Ali Bongo, successeur de son père, Omar, à la tête du Gabon. A Libreville, on raconte que, certaines nuits, le tarmac de l’aéroport était privatisé pour permettre aux deux hommes, Ali et François, de s’amuser avec leurs voitures de course. Mais, business first, François Perrodo a également su tisser des liens avec le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo lors d’un coup d’Etat, en 2023.

« Préjudices écologiques »

Si les succès économiques sont toujours là, ces dernières années, les affaires s’accumulent autour de Perenco, que des ONG qualifient parfois de « charognards » de l’exploitation pétrolière. A force de chercher à produire toujours plus à moindre coût, l’entreprise est suspectée de négliger la sécurité de ses employés et l’entretien de ses infrastructures, parfois vieilles de plusieurs décennies.

Avant l’explosion de Becuna, elle avait déjà connu plusieurs accidents mortels. Fin 2020, Hubert Chazarenc, un Français de 34 ans, est mort en chutant de la plateforme offshore de Dagda, au Cameroun, sur laquelle il travaillait comme foreur. Avant de disparaître, il avait alerté sur ses mauvaises conditions de travail et la cadence infernale imposée par ses employeurs. Depuis, le groupe a reformaté son site Internet en insistant, dès la première page, sur son « engagement envers la sécurité et son sens des responsabilités ».

Bien qu’il assure au Monde que « la préservation et la protection de l’environnement sont partie intégrante de [sa] démarche opérationnelle », le groupe Perenco est dans le viseur d’ONG et d’associations de défense de l’environnement pour des cas de pollution. Pérou, Guatemala, Gabon, République démocratique du Congo (RDC)… Ces dernières années, des fuites de pétrole sur ses sites ou des pratiques de torchage – un procédé très polluant consistant à brûler les excédents de gaz à l’air libre – ont été signalées dans divers pays où le groupe a des filiales, à commencer par le Gabon, fief africain de Perenco, où il est le premier producteur de pétrole devant Total.

« Leurs installations sont hors d’âge !, s’insurge ainsi Bernard Christian Rekoula, un militant écologiste gabonais qui s’est rendu sur de nombreux sites. Leurs têtes de puits sont rouillées, leurs pipelines parfois posés à même le sol. Les fuites sont régulières. Là où ils sont présents, la pollution est récurrente. Avec un impact direct sur les populations locales et l’environnement. »

Certains dossiers ont pris une tournure judiciaire, accentuant un peu plus la pression sur Perenco. En 2019, deux ONG françaises, Sherpa et Les Amis de la Terre, ont engagé une action en justice contre l’entreprise devant le tribunal judiciaire de Paris en raison des « préjudices écologiques » qu’elle causerait en RDC. Le groupe de la famille Perrodo est également visé par deux enquêtes préliminaires du Parquet national financier pour ses activités au Congo. La première concerne des soupçons d’emplois fictifs, la seconde des soupçons de corruption impliquant des membres de la famille du président Denis Sassou Nguesso (au pouvoir de 1979 à 1992, puis depuis 1997). En mars 2023, des policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ont mené une perquisition au siège français de l’entreprise, dans le 17e arrondissement de Paris.

En ce qui concerne le drame de Becuna, l’ONG Environmental Investigation Agency, mais aussi différentes sources françaises et gabonaises, accuse le pouvoir du général Brice Oligui Nguema, élu président en avril après son putsch de 2023, et ses interlocuteurs de Perenco d’avoir tout fait pour étouffer l’enquête et permettre au pétrolier de poursuivre sans encombre ses activités dans le pays. « C’est totalement faux et diffamatoire ! Depuis la tragédie, Perenco Oil & Gas Gabon travaille en étroite collaboration avec les autorités chargées de l’enquête », répond le groupe au Monde. Pourtant, depuis la catastrophe, malgré une enquête et plusieurs gardes à vue en mai 2024, dont celle du directeur général de Perenco dans le pays, aucune décision de justice n’a été rendue dans cette affaire.

Face à ces mises en cause de plus en plus nombreuses, la direction a une stratégie de défense constante, et jusqu’à présent efficace : affirmer que ses sociétés française et britannique n’ont aucun contrôle sur les activités de ses filiales à l’étranger, ce qui lui permet, selon ses détracteurs, de se dégager de toute responsabilité dans les pays où elle opère. Dans le cas du décès d’Hubert Chazarenc, c’est pourtant bien Perenco qui a proposé à la famille une indemnisation financière.

Un casse-tête pour les ONG

Un casse-tête pour les ONG lui demandant des comptes ainsi que pour la justice française. « Perenco assure n’avoir aucun contrôle sur les activités des filiales du groupe, témoigne l’avocate Théa Bounfour, chargée de contentieux et de plaidoyer à Sherpa. L’enjeu est de voir reconnaître que la société française est responsable des atteintes liées à l’exploitation pétrolière. Cela pourrait ouvrir la porte à des réparations pour les atteintes à l’environnement et aux droits des communautés affectées. »

La famille Perrodo a aussi fait le choix de ne pas introduire son groupe en Bourse. De quoi le dispenser de communiquer sur ses résultats ou ses investissements et contribuer à son opacité. « L’entreprise, qui se compose d’un réseau complexe de holdings interdépendantes souvent enregistrées aux Bahamas et autres paradis fiscaux, garde confidentiels les détails de son actionnariat et de sa structure organisationnelle, indique l’EIA dans son rapport. Bien que cette structure de propriété soit tenue confidentielle, le groupe reconnaît publiquement qu’elle est chapeautée par une société mère ultime, Perenco International Limited », détenue par les enfants d’Hubert Perrodo. Des héritiers qui pourraient bien avoir à sortir de leur légendaire réserve face aux questions de plus en plus pressantes des ONG et de la justice.

Lien vers l’article :
https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/05/21/les-affaires-troublantes-du-groupe-petrolier-perenco-en-afrique-entre-cadences-infernales-et-soupcons-de-corruption_6607447_3244.html

Télécharger en cliquant ici le rapport d’investigation de l’EIA
https://drive.google.com/file/d/1sr1niqQjK4ux8ZAGAy3ONTCw6zHytk8m/view?usp=drive_link


Le silence de la famille d’Hubert Chazarenc contre un chèque : la transaction que voulait conclure le groupe pétrolier Perenco


Ce spécialiste du forage, âgé de 34 ans, a été victime d’un accident mortel, en 2020, sur une plateforme off-shore exploitée par Perenco, au large du Cameroun. Deux ans plus tard, le groupe pétrolier proposait 20 000 euros à sa compagne en échange de sa discrétion.

Le Monde

Publié hier à 16h00, modifié hier à 17h42 Photo de profil non datée d'Hubert Chazarenc sur Linkedin. HUBERT CHAZARENC VIA LINKEDIN
(Reproduit sur notre blog avec l’aimable autorisation du journal Le Monde)

 

Hubert Chazarenc avait 34 ans. C’était un gaillard de 1,90 mètre, musclé, sportif, travailleur, passionné par le forage pétrolier, son métier depuis huit ans. Il habitait à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) avec sa compagne, Lola Guignabert, avec qui il venait de se pacser après quatre ans de vie commune. Le couple avait de nombreux projets. Même s’il aimait le forage, le jeune homme économisait pour s’installer à son compte comme charpentier zingueur au Pays basque.

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Début novembre 2020, lorsqu’il rejoint sa plateforme au large du Cameroun, il promet à sa compagne que ce sera sa dernière mission. Cela fait un an qu’il travaille régulièrement sur ce site, embauché par un sous-traitant pour le compte de la société Petrofor (créée à Nassau, aux Bahamas) sur la plate-forme off-shore du groupe franco-britannique Perenco.

Hubert Chazarenc ne reviendra pas vivant en France. Le 22 novembre, il meurt après une chute de 15 mètres en pleine mer. Le Monde a pu consulter le rapport, accablant, établi deux jours plus tard par la gendarmerie camerounaise. Il fait état d’une saisie tardive des autorités judiciaires, prévenues seulement le lendemain du drame. Plusieurs témoins affirment avoir entendu un cri, puis vu le corps du jeune Français dans une mer rouge de sang. Son casque flottait à ses côtés ; il ne portait ni harnais ni veste de travail.

Cadences infernales, sécurité défaillante

Les enquêteurs constatent l’absence de garde-fous dans la zone où il se trouvait, et la présence d’une « vieille planche graisseuse » sur laquelle il aurait pu glisser. Le rapport, qui conclut à un décès par traumatisme crânien, est accompagné de photos montrant l’état de délabrement du site : structures rouillées, échafaudages bringuebalants.

Hubert Chazarenc avait débuté dans le forage en 2012 au bas de l’échelle, d’abord sur des sites situés en France puis à l’étranger. Ce métier difficile le « passionnait », insiste son ex-compagne, qui l’aidait à réviser pour les examens auxquels les foreurs doivent se soumettre tous les deux ans. Il avait atteint le grade de second de poste.

Sur les plateformes africaines, l’encadrement est confié à des Européens, la main-d’œuvre, peu rémunérée, étant recrutée localement. Pour lui, la paye est bonne : 12 000 euros pour quatre semaines, suivies de trois semaines de repos non payées. Ce salaire lui permet d’économiser pour sa reconversion. Dès le début, il ne cache pas que les conditions de travail sont très dures : cadences infernales, horaires à rallonge, sécurité défaillante.

Dans plusieurs messages envoyés à sa compagne, il semble au bout du rouleau. La veille de sa mort, il écrit : « Ç’a été le feu encore aujourd’hui jusqu’à 19 heures. Ça m’a vidé. » L’avant-veille, c’était l’apocalypse : « On a pris une bulle de gaz dans la gueule, comme dans un film. On y est depuis 15 heures dessus, et à minuit on n’avait pas fini. Bien sûr, zéro pause, pas de café, manger deux gâteaux dans le poste, etc. »

« Il me répétait que rien n’était aux normes, les harnais de sécurité n’étaient pas assez longs pour se rendre dans les endroits où on l’envoyait », se souvient Lola Guignabert, qui vit désormais à l’étranger. Lui qui était si dur au mal revenait au pays épuisé et amaigri. « Le médecin lui a prescrit des antidépresseurs, car il n’arrivait pas à dormir, poursuit la jeune femme. Après le Covid, Hubert ne voulait plus repartir, ses copains lui disaient de ne pas y retourner, mais il a finalement accepté une dernière mission. »

« Ultime contre-proposition »

Après le drame, sa famille a dû attendre douze jours pour récupérer le corps. Elle a aussi reçu un courrier de condoléances laconique de Petrofor. Dévastés, les parents acceptent de témoigner devant l’équipe de « Complément d’enquête », qui consacre une émission au groupe Perenco en novembre 2021. Leur témoignage n’est pas du goût de la société, laquelle les approche par l’intermédiaire du cabinet d’avocats de la famille, situé à Pau.

En février 2022, Lola Guignabert reçoit du cabinet Darmendrail & Santi le courrier suivant : « La société Perenco formule une proposition amiable de 20 000 euros. Certes, cette proposition peut sembler faible. Pour autant, elle est en réalité intéressante compte tenu de la situation juridique (compagne pacsée, pas d’enfant et contrat de travail avec un sous-traitant étranger). »

Les avocats soulignent que « les juges français ne sont pas compétents » et qu’« une procédure judiciaire au Cameroun n’a aucune chance d’aboutir sérieusement (…). Nous pouvons, si vous en êtes d’accord, formuler une ultime contre-proposition à hauteur de 23 000. Toutefois, il n’est pas certain que Perenco acceptera ».

Dans un autre e-mail, daté du 25 février 2022, le cabinet est plus explicite encore : « Comme nous vous l’avons expliqué, le versement d’une somme à titre transactionnel entraîne nécessairement la signature d’un accord dans lequel les parties s’engagent à respecter la confidentialité et à ne pas se dénigrer. » En clair : le silence contre un chèque. Pour Lola Guignabert, ce sera non : à ses yeux, la vie d’Hubert Chazarenc « valait bien plus qu’une voiture ».

Lien vers l’article :
https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/05/21/le-silence-de-la-famille-d-hubert-chazarenc-contre-un-cheque-la-transaction-que-voulait-conclure-le-groupe-petrolier-perenco_6607639_3244.html